L'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech

2ème partie

Autoportrait de Godefroy de Saint-Victor; Paris, Bibl. Mazarine, ms. 1002, f. 000II v

 

« Tout comme les pèlerins qui viennent de Jérusalem rapportent les palmes , ceux qui reviennent du sanctuaire de Saint-Jacques rapportent les coquilles.  Ainsi, si la palme signifie triomphe, la coquille signifie les bonnes œuvres. » Liber Sancti Iacobi Codex Calixtinus I,17

 

« salut à toi, sainte cité »

 

Quand le pèlerin, après un long périple, se trouve enfin en face des murailles de Jérusalem, il est au comble du ravissement et peut s'exclamer avec saint Bernard :

« Salut à toi, Sainte Cité « toi que le Très-Haut a sanctifiée pour lui comme son tabernacle » ; par toi et en toi il sauve une si grande foule d'hommes. » De Laude ; V,11

 

Dans son De Laude Novae Militiae, l'Éloge de la nouvelle Chevalerie , adressée aux Templiers et précieusement gardée par le chanoine régulier Godefroy de Saint-Victor, Saint Bernard se fait le guide de cette cité d'où rayonne le Salut. On y remarque que chaque lieu saint que le pèlerin visite est l'occasion d'un enseignement particulier.

 

plan de Jérusalem; BNF; source:http://www.villemagne.net

 

Le premier d'entre eux est le Saint-Sépulcre. Lorsque le pèlerin franchit la porte de la basilique il est renvoyé au souvenir de son propre baptême. C'est un ensevelissement dans la mort pour une résurrection dans la Vie Nouvelle. Le Saint-Sépulcre est l'édifice recouvrant le tombeau du Christ, mais il est aussi le siège du Patriarche de Jérusalem élu par le chapitre de la basilique constitué des chanoines réguliers suivant la Règle de saint Augustin.

 

Au Calvaire, le Christ a lavé nos péchés « non pas à la manière de l'eau, qui dissout et garde en elle les souillures, mais comme le rayon du soleil, qui dessèche tout en restant pur. » (De Laude; X,17)

 

Alors que l'église carolingienne nous maintient dans la souillure de la faute originelle et notre assujettissement par le lien féodal, les lumières de l'église grégorienne nous en libèrent et nous permettent d'accéder au libre-arbitre en nous donnant voix au chapitre.

 

On gravit le Mont des Oliviers et on descend la Vallée du Josaphat – 'Josaphat' signifiant en hébreu ' Dieu Juge '. Un passage du Commentaire de la Règle de saint Augustin, longtemps attribué à Hugues de Saint-Victor, pourrait être approprié pour évoquer le sens de cette ascension et cette descente :

« Les personnes humbles au contraire trouvent dans les monastères des avantages très considérables car c'est à eux que Dieu apprend ses vérités, c'est à eux qu'il découvre ses secrets ainsi qu'il est écrit : 'il fera connaître ses voies à ceux qui sont doux' (psaumes 24 ) (25) et encore 'vous qui faites couler les sources d'eau dans les vallées' (psaumes 103.10) (104) c'est-à-dire qu'il communique ses grâces aux âmes qui sont humbles. »(Commentaire de la Règle de Saint Augustin; chapitre II, 1; 'De l'humilité'')

 

Au Temple de Salomon, Saint Bernard présente aux Pauvres Chevaliers du Christ un temple nouveau, dont la beauté repose non dans les pierres de taille mais dans les hommes qui le composent :

«  C'est le Temple de Jérusalem qu'ils habitent ensemble (…) Toute la splendeur du premier résidait dans 'des objets corruptibles d'or et d'argent', les pierres de taille et la variété des bois. Le second doit toute sa beauté et l'élégance de son ornementation à l'exigence religieuse de ses habitants et à leur vie parfaitement soumise à une règle. " (De Laude ; V, 1)

 

Cette conception du Temple comme symbole de la vie commune dont les membres sont les pierres vivantes sera un des fondements de la spiritualité des chanoines réguliers.

 

Le Temple de Salomon et la vie commune des chanoines réguliers

 

Les Templiers habitaient au sud de l'esplanade de l'ancien Temple de Salomon. Quand le pèlerin se dirige au centre de l'esplanade il pénètre dans le domaine des chanoines réguliers où se situe le Templum Domini.

 

Le Commentaire de la Règle de Saint-Augustin utilisé par les chanoines réguliers fait référence à la Sagesse de Salomon et à son Temple pour évoquer leur règle de vie :

« L'homme qui est obéissant racontera les victoires, disait Salomon, parce qu'en nous soumettant humblement à la parole d'un autre nous remportons sur nous-mêmes une victoire dont notre cœur est le champ de bataille » Chapitre XI, 'De l'obéissance '

« Quand Salomon fit la dédicace du Temple magnifique qu'il venait d'élever, il dit les genoux en terre et les mains étendues vers le ciel : 'Seigneur, si votre peuple ayant péché se convertit et vient à votre sanctuaire pour vous y offrir ses prières, vous l'écouterez favorablement et lui pardonnerez ses péchés. » Chapitre III, 'De la prière et de l'office divin'.

 

L'abbaye des chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris sera particulièrement attaché à la symbolique du Temple de Salomon . Achard de Saint-Victor dans son sermon sur la fête de la dédicace, compare l'Abbé du Monastère aux carriers de Salomon, armés du ciseau et du marteau et chargés de tailler les pierres destinées à la construction du Temple:

«  L'abbé qui siège au milieu de tous, comme un juge, et de qui toutes choses dépendent parce que c'est à lui qu'on été confiées les clés du Royaume des cieux, doit tenir le marteau d'une main et le ciseau de l'autre. C'est à lui en effet, qu'il appartient de corriger et de mener toutes choses selon la raison... S'il en est pourtant dont l'obstination est telle que la dureté de leur cœur ne puisse être vaincue ni par le marteau ni par le ciseau, qu'ils soient jetés dehors comme des pierres impures, qui ne sont pas seulement inutiles mais nuisibles ; sans quoi ils corrompront les autres pierres par leur seul contact, et ils souilleront la maison entière... que les abbés se souviennent qu'ils ne sont pas armés du marteau et du ciseau seulement pour les autres mais aussi pour eux-mêmes, de peur qu'après avoir prêché aux autres ils ne soient eux-mêmes éprouvés. »

« Loin de nous ces bâtisseurs qui attachent sur les épaules des autres et leur imposent des fardeaux pesants et insupportables qu'eux-mêmes ne veulent pas remuer... Il leur appartient de se soumettre eux-mêmes à la règle suivant laquelle les pierres doivent être taillées par celui qui est la pierre angulaire...» (cité par Jean Tourniac ; Les Tracés de Lumière; Dervy-Livre ; 1987; p. 210)

 

Au sein de l'abbaye parisienne, que ce soit à travers Godefroy, Achard, Hugues ou Richard de Saint-Victor, chaque pierre vivante sera taillée pour la contemplation des choses divines.

 

Abbaye de St-Victor-de-Paris; Plan de Paris par Turschet and Hoyau, circa 1552, copyright Paris Pages; source:http://historic-cities.huji.ac.il/

 

Cette exégèse symbolique axée sur l'Ancien Testament, et spécialement autour de la symbolique du Temple de Salomon, fera de l'abbaye parisienne de Saint-Victor et de ses maîtres des docteurs appréciés à Jérusalem - des maîtres comme Godefroy de Saint-Victor qui sauront faire partager cette culture de la vie commune avec les Pauvres Chevaliers du Christ qui résidaient sur l'esplanade de l'ancien Temple de Salomon et suivaient les offices au Templum Domini.

 

La sagesse de Salomon et la preuve de Dieu

 

Pour les chanoines réguliers, toute la sagesse de Salomon avait été d'élever un temple pour marquer la présence de Dieu.

 

Pour les victorins, l'église se doit d'apporter la preuve de Dieu. Elle offre ainsi à la raison un face à face avec le divin, qui , s'il n'ouvre pas la porte des cieux, peut au moins nous offrir la clef de notre propre gouvernance. C'est les deux clefs de Saint-Pierre: la première est en or, et nous rappelle le soleil et la théologie par la grâce ; la seconde est en argent, nous rappelant l'astre lunaire et la théologie mondaine et ses symboles.

emblème du Vatican; source: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/00/Flag_of_the_Vatican_City.svg/600px-Flag_of_the_Vatican_City.svg.png

insigne du Vatican

 

Cette quête de la preuve de Dieu s'appuiera sur celle de saint Anselme, qui a élaboré plusieurs preuves ontologiques de Dieu et dont les œuvres faisaient référence dans la bibliothèque de Saint-Victor-de-Paris au XII° siècle.

 

Avec la théologie scolastique, la formation des chanoines s'attachait à l'étude des textes sacrés, aux dogmes et la tradition des pères de l'Église mais aussi aux mathématiques et aux sciences naturelles, pour démontrer rationnellement la présence de Dieu.

 

Dans la bibliothèque de l'école épiscopale de Saint-Jacques-de-Compostelle dirigée par les chanoines réguliers, on a relevé de nombreuses œuvres de philosophie naturelle , traduites de l'arabe, dont certaines par le médecin galicien Johannes Hispalensis, comme le De anima d'Avicenne, la Metaphysica d'Al-Ghazali ou le De differentia inter animam et spiritum de Qusta ibn Luqa, et une série d'œuvres mathématiques, de géométrie et d'astronomie comme le Scientiae astrorum et radicum motuum coelestium liber d'Al-Farghani, le De ortu scientiarum d'Al-Farabi, le Liber Alghoarsimi de pratica arismeticae attribué à Kwharismi, et la Geometria d'Euclide.

 

La preuve de l'existence de Dieu ne se fera plus par des pierres de taille assemblées ou des essences de bois précieux comme le cèdre du Liban de l'ancien Temple de Salomon, mais symboliquement par la réalisation d'un espace géométrique qui repose sur l'infini. Ce sera l'espace unifié qui est à l'origine de la perspective unifiée et de ce qu'on appellera plus tard la géométrie descriptive.

 

On retrouvera les éléments géométriques de cet espace unifié dans l'Enfer de la Divine Comédie de Dante (1265-1329), ce qui permettra à l'architecte florentin Filippo Brunelleschi (1377-1446) d'édifier la coupole de Sainte-Marie-de-la-Fleur.  Dante Aligheri n'hésitera pas à honorer dans son Paradis Richard de Saint-Victor qui fut «en matière de contemplation plus qu'un homme», auquel il associera dans cette couronne des Sages ,Salomon et Denys l'Aréopagite.

 

miniature de Giovanni Paolo; XV° siècle; British Library, Yates Thompson 36, fol. 147

Dante et Virgile en haut à gauche, rencontre Saint Thomas d'Aquin et Albert le Grand. En bas, dans le cercle : Jean Gratian - Pierre Lombard - Denys Aréopagite - Salomon - Boèce -
Paul Orose (au plus haut du cercle) - Isidore de Seville (face à l'séraphin) - Bède le Vénérable (portant le fouet) - Richard de Saint Victor - Siger de Brabant

 

A l'abbaye de Saint-Victor de Paris, la démarche contemplative  des chanoines prendra la forme d'une pyramide oblongue et légèrement tronquée, qui invite l'esprit à un quadruple mouvement, du bas vers le haut, de l'extérieur vers l'intérieur, du multiple vers l'un, puis, grâce au sommet absent de la pyramide, du visible vers l'invisible.

 

L'universalité du sacerdoce de Melchisédech à travers la voie symbolique

 

L'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech a été établie pour la formation des cadres de l'église grégorienne – et en premier lieu pour les évêques élus au sein du mouvement canonial des chanoines réguliers selon la Règle de saint Augustin.

 

sculpture sur bois du chapitre de la cathédrale Sainte-Marie à Saint-Bertrand-de-Comminges; photo JP SCHMIT

 

« Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Dieu Très-Haut, (…) qui est sans père, sans mère, sans généalogie, dont les jours n'ont pas de commencement et dont la vie n'a pas de fin, qui est assimilé au fils de Dieu, ce Melchisédech demeure prêtre pour toujours » Hébreux, 7,1-3

 

Le caractère universel du sacerdoce de Melchisédech s'affirme par le fait que ce prêtre du Très-Haut n'a pas hérité par son sang mais a été élu. C'est le paradigme de la Respublica Christiana. L'évêque grégorien ne doit ni sa couronne ni sa mitre à un quelconque héritage, comme il était de coutume dans une société féodale carolingienne où les liens du sang déterminaient le statut social des individus mais à son seul mérite - mérite moral mais aussi intellectuel par son affirmation de la maîtrise des structures symboliques. Cette suprématie de l'ecclesia sur le pouvoir laïc est reconnue par Abraham, qui donne la dime à Melchisédech.

 

Nous avons vu que pour les chanoines réguliers il importe peu de chercher la connaissance chez les musulmans ou chez les juifs, l'essentiel pour les évêques issus de la Respublica Christiana étant d'être à même de présenter une science de la nature en accord avec le divin. Ainsi, leur sera offert la couronne et la mitre de l'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech.

 

Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la démarche des chanoines réguliers. Si on peut croiser dans leurs rituels des références qui soient propres à la mystique juive ou musulmane, cela fut toujours dans l'esprit de convertir ces populations à la Respublica Christiana.

 

Même au sein de l'ordre des Templiers, qui fut en la matière une institution très avant-gardiste, le baptême sera imposé aux chefs musulmans qui à partir de la fin du XII° siècle entreront dans leur chevalerie. Il est vrai qu'en contre-partie les moines-soldats feront des concessions plus que douteuses, notamment en acceptant de renier le symbole de l'église carolingienne: le Christ crucifié, symbole censé s'adresser à l'être animal et non à l'être spirituel qui porte quant à lui la croix des anges.

"Quant aux enfants, ou aux hommes qui ressemblent à des animaux, pour tenir compte des limites de leur compréhension, il a la prudence de ne leur proposer que "Jésus, et Jésus crucifié".
(Saint Bernard, Eloge à la Nouvelle Chevalerie; VI,12)

"Le corps est semé animal, il se lèvera spirituel; il y a un corps animal et un corps spirituel (...) Mais les hommes appartenant à la grâce de Dieu, concitoyens des saints anges dans l'éternelle béatitude, seront tellement transformés par le don du corps spirituel, qu'ils ne relèveront plus ni du péché ni de la mort."
(Saint Augustin; La Cité de Dieu; XIII,24)

 

Jésus crucifié, pour les Templiers, est le symbole d'une théologie au service de la féodalité et de notre assujettissement à travers le péché originel - Marie doit succéder à Eve. Une femme a condamné l'humanité, une autre l'a sauvé: Notre-Dame.

 

A l'origine, le reniement des Templiers a surtout été  un compromis consécutif à la défaite de Hattin (1187) et la création du second Royaume de Jérusalem(1192-1291). La realpolitik a dicté leur conduite. à une époque où le rapport de forces en Terre Sainte  basculait en faveur du monde musulman.  Ce reniement était surtout une manière de faciliter l'entrée de chefs musulmans au sein du chapitre des templiers pour garantir la pérennité du traité de paix signé en 1192 par Richard Coeur de Lion, qui établissait les nouveaux territoires du second Royaume de Jérusalem.

 

L'histoire de cette période trouble et de ce tournant dans la vie du Temple, peut être retracée à travers le témoignage du poète-chevalier Wolfram von Eschenbach avec Parzifal (1205). Il y décrit par le menu la cérémonie du baptême du chevalier païen Feirefis qui voulait épouser la tante de Perceval. Pour von Eschenbach, le personnage de Perceval correspond à Otton IV de Brunswick. Wolfram était au service d'Hermann Ier, landgrave de Turinge. Hermann, en tant que prince électeur soutenait à cette époque, avec les Templiers et la papauté, la candidature d'Otton IV à la tête du Saint Empire romain germanique. Otton de Brunswick était aussi le neveu de Richard Cœur de Lion. Pour le personnage de Feirefis, il faut probablement y voir Al-Adel (1143-1218), frère de Saladin, que le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion voulait marier à sa sœur Jeanne d'Angleterre. Jeanne qui était la tante d'Otton de Brunswick s'opposa formellement à ce projet de mariage. Al-Adel deviendra malgré tout, grâce à une diplomatie efficace, le sultan suprême des Ayyûbides et le nouveau maître de Jérusalem.  Belle carrière pour ce Templier qui fut adoubé chevalier par le roi d'Angleterre.

 

passage secret des templiers dans le port de Saint-Jean-d'Acre; source:http://bstcolecath.free.fr/acre.htm

couloir souterrain utilisé par les princes Ayyubides Al-Adel et son fils Al-Kamel, ou leurs représentants, pour participer au chapitre des templiers dans le port de Saint-Jean-d'Acre

 

Malgré cette ouverture, nous devons garder à l'esprit que la laïcité telle que nous la comprenons aujourd'hui restait étrangère à l'esprit médiéval. La laïcisation de l'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech sera lente. Elle sera en somme l'héritage du défunt ordre des Templiers. C'est dans l'œuvre testamentaire de cette chevalerie à travers le récit du plus célèbre pèlerinage du Moyen-Age, la Divine Comédie du poète Dante Aligheri, que les templiers ont cherché à nous transmettre les clefs du sacerdoce de Melchisédech pour un monde laïc.

 

Mais encore, il ne suffit pas de proclamer la séparation des pouvoirs temporels et spirituels. La république, qu'elle soit laïque ou religieuse, a toujours eu tendance à rejeter la pluralité au profit de l'unité.  La conséquence est une vision pyramidale de l'organisation sociale, avec un lien très fort de subordination où des supérieurs dominent des inférieurs. C'est fondamentalement ce qui distingue un chapitre de clercs augustiniens influencés par un philosophe comme Platon d'un chapitre issu de la Stricte Observance bénédictine. Pour ces derniers, la pluralité fait la richesse du chapitre,  avec une méfiance instinctive pour la notion d'élite - privilégiant les rapports horizontaux symbolisés par la figure du cercle. C'est toute la «grâce» de l'espace unifié issu de cette culture que d'être capable de mettre plusieurs points de vue sur un même plan pour reconstruire un objet en trois dimensions. Cette troisième dimension, symboliquement, se rattache au troisième âge prophétisé par l'abbaye cistercien Joachim de Flore – troisième âge qui selon lui est l'âge du Saint -Esprit.

 

L'espace unifié est un espace symbolique ouvert et, pour tout dire, démocratique. Affirmer la légitimité d'un nouveau pouvoir laïc sans avoir à se renier , que l'on soit juif, chrétien ou musulman, c'est bien le défi d'une descente aux enfers des temps modernes. Melchisédech est prêtre et roi de 'Salem', ce qui signifie 'Paix' et l'humanité a rendez-vous avec Jérusalem qui précisément signifie « vision de Paix ».

 

Pour acquérir les outils symboliques de cette laïcité, fondements d'un ordre mondial garant du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes dans le respect des valeurs communes,  il nous faut refaire le parcours de l'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech.

 

Hugues de Saint-Victor nous invite à suivre la voie de la dissemblance qui selon la tradition se situe en Occident, et, pour être plus précis, au bout de l'Occident, dans ces fins de terre où le soleil disparaît – c'est-à-dire pour le Moyen-Age à Saint-Jacques-de-Compostelle.

 

Saint-Jacques, maître de l'initiation symbolique

 

Le pèlerinage vers le tombeau de l'apôtre saint Jacques est un chemin de l'Orient vers l'Occident.

 

Saint-Jacques; Archive de la Cathédrale de Santiago de Compostelle; Tumbo B CF 33 folio 2v détail vers 1326

 

Jacques est le fils de Marie Salomé et de Zébédée. Saint Jacques est appelé le Majeur, il est le frère aîné de saint Jean l'Évangéliste. Avec son frère Jean, il est l'un des tous premiers disciples à suivre Jésus. Chose remarquable Jacques et Jean furent ceux qui interrogèrent particulièrement le Christ au sujet du jour du Jugement et des autres choses à venir. Ils seront appelés par le Sauveur les « boanergés », 'les fils du tonnerre'. En effet, ils brûlaient d'un même zèle pour rendre justice au Seigneur. Quand les Samaritains refusèrent de recevoir Jésus, Jacques et Jean dirent: «Voulez-vous que nous commandions que le feu du Ciel descende et qu'il consomme ces gens là?»

 

Jacques le Majeur est l'un des trois apôtres, avec Pierre et Jean, qui participe aux moments les plus intimes – voire les plus mystérieux de la vie de Jésus, comme le jour de sa transfiguration sur le Mont Thabor, puis lors de la résurrection de la fille du chef de la Synagogue, enfin aux événements sur le Mont des Oliviers.

 

Les interprètes médiévaux ont remarqué que Jésus accordait un enseignement privilégié aux trois apôtres, ce qui les incita à leur attribuer les trois vertus théologales: la Foi pour Pierre, l'Espérance pour Jacques, et la Charité pour Jean.

 

Cet enseignement privilégié, qui pourrait s'apparenter à la connaissance symbolique qui sera dévoilée à la fin des temps, poussera Marie Salomé à réclamer au Sauveur que ses deux fils aient la faveur d'être assis, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans son Royaume. Mais avait-elle seulement mesuré le poids de sa requête ? Car aussitôt le Christ prophétisa leur martyr: saint Jacques siègerait sur un trône pour juger les douze tribus d'Israël mais il devra d'abord mêler son sang à celui de Jésus. Saint Jacques fut décapité à Jérusalem en l'an 42 sur l'ordre d'Hérode Agrippa désireux de plaire aux juifs.

 

Saint Jacques, apôtre de Compostelle

 

C'est pour honorer l'apôtre saint Jacques en tant que juge que les archevêques de Saint-Jacques-de-Compostelle portaient la crosse en forme de Tau.

 

Archevêque de Compostelle Diego Gelmirez;Tumbo de Toxos Outos cod. L1002 ; 1289; image sur:http://compostelaeuropa.xacobeo.es/en/gallery

 

Le Tau est la marque des enfants des douze tribus d'Israël qui seront sauvées. Cette lettre dans l'interprétation juive, qui est la dernière lettre de l'alphabet hébreu, signifie l'accomplissement de la Parole révélée.

 

C'est aussi l'initiale du mot Torah, «la loi». Le Livre d'Ézéchiel annonce que les membres de la communauté messianique seront marqués au front du symbole Tau. Elle deviendra au début de l'ère chrétienne le signe de la croix qu'on appose sur le front des baptisés. Dans l'Apocalypse de saint Jean, le frère de Jacques reprend Ézéchiel et indique que les élus seront marqué au front par le nom du Père. Or dans la Bible traduite en grec, la dernière lettre de l'alphabet devient l'Oméga: « Je suis le premier et le dernier » (Apocalypse, I,17) « Je suis l'Alpha et l'Oméga » qu'on retrouve à l'honneur sur la porte sud de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.

 

chrisme de la porte sud de la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle; l'Alpha et l'Oméga sont inversés, signe que nous sommes arrivés au bout du chemin; photo JP SCHMIT

 

Quand on admire le chrisme sur le fronton de la porte sud, la Porte des Orfèvres, de la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle, nous reviennent à l'esprit les mots de l'ange monté de l'Orient. « Attendez, pour malmener la terre et la mer et les arbres, que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu. Et j'appris combien furent alors marqués du sceau: cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d'Israël. »(Apocalypse 7, 3-4)

 

Selon la tradition, saint Jacques aurait évangélisé l'Espagne avant de revenir prêcher en Judée. Après son martyr à Jérusalem, plusieurs de ses disciples auraient été de nuit récupérer son corps. C'est dans le port de Jaffa qu'ils déposent sa dépouille sur une barque sans gouvernail et, guidés par la divine Providence, sont conduits jusqu'au bout de l'Occident, en Galice, où saint Jacques siègera pour le jour du Jugement « car comme l'éclair part de l'Orient et apparaît jusqu'à l'Occident, ainsi sera l'avènement du fils de l'Homme » (Mathieu, 24, 27)

 

Les enfants de Maître Jacques

 

Dans son organisation du pèlerinage vers Saint-Jacques, l'église grégorienne va se trouver confrontée à un très sérieux problème: la grande majorité du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle est aux mains d'un de ses plus puissants ennemis: l'ordre bénédictin de Cluny, une multinationale qui au Moyen-Age dirige sur toute l'Europe environ 1450 monastères.

 

L'ordre bénédictin de Cluny avait été pourtant chargé par l'Église romaine au milieu du XIème siècle de la réforme liturgique en Espagne à une époque où les moines clunisiens étaient engagés dans la réforme de la féodalité carolingienne.

 

Cluny, fondé en 910, grâce aux dons du duc Guillaume d'Aquitaine, avait connu un développement spectaculaire avec le soutien de l'empereur germanique Henri II (1014-1024). Ce dernier, décédé sans héritier, ira jusqu'à léguer par testament ses insignes impériaux au monastère de Cluny. La couronne, la croix d'or ainsi que le sceptre impérial et la Pomme d'Or de l'empereur Henri II étaient sortis aux fêtes majeures de l'abbaye pour être présentés aux regards des fidèles lors de grandes processions. Les moines clunisiens se considéraient comme les gardiens de la tradition carolingienne.

 

A partir de 1080, et de l'excommunication d'Henri IV, empereur du Saint Empire germanique, par le pape Grégoire VII, Cluny et l'église grégorienne vont devenir 'les meilleurs ennemis du monde'. L'église grégorienne sera particulièrement mise en danger quand l'abbé de Cluny, Hugues III de Frazans (1158-1163), prendra fait et cause pour l'anti-pape Victor IV – créature de l'empereur germanique Frédéric Barberousse (1122-1190).

 

L'enjeu en Espagne est de taille car il s'agit de savoir si les églises et les cathédrales bâties sur le chemin de Compostelle seront des temples élevés à la gloire du Saint-Esprit qui est un esprit citoyen, ou à celle du Christ glorieux, figure d'un nouveau Charlemagne restaurateur de l'unité de l'empire carolingien.

 

abbaye carolingienne de Müstair, Suisse; et abbaye clunisienne de Moissac; sur le chemin de St-Jacques-de-Compostelle;  sources: http://www.encyclopedie-universelle.com et http://employees.oneonta.edu/farberas/arth/arth212/romanesque_portal.html

Statue de Charlemagne à Müstair et Christ en gloire à l'effigie de Charlemagne à Moissac

 

Dans cette guerre d'influence, l'église grégorienne mobilisera toutes ses troupes, en premier lieu les communautés de chanoines réguliers, mais aussi les moines cisterciens de la Stricte Observance ainsi que les Pauvres Chevaliers du Christ du Temple de Salomon.

 

Pourtant, l'église grégorienne va perdre la bataille des routes: sur les quatre principales routes de ce pèlerinage, trois passent les Pyrénées par le col de Roncevaux qui est indissociablement lié à la mission de Charlemagne en Espagne et rappelle à tous le fameux épisode du preux chevalier Roland à Roncevaux.

 

 

Cette légende nous est parvenue grâce à l'histoire attribuée à l'archevêque Turpin insérée dans le codex Calixtinus – qui est le grand livre de pèlerinage de Saint-Jacques. L'insertion de cette Historia Turpini doit beaucoup à la puissante diplomatie clunisienne. D'ailleurs le pape Calixte II (1119-1124), qui donne son nom au Livre de Compostelle, est lui-même un ancien clunisien. On a aussi fait remarquer qu'une partie du Codex Calixtinus aurait été compilée par Pierre de Poitiers, ancien bibliothécaire de Cluny.

 

Une seule route finalement restera authentiquement proche de l'esprit de l'église grégorienne. Il s'agit de la via Tolosana qui passe par le col du Somport, et débouche sur la cité de Jaca, dont la cathédrale s'orne d'un prestigieux chrisme.

 

Chrisme de la cathédrale de Saint-Pierre à Jaca; photo http://www.compostelle.ch/photooloronpuentelareina.html

 

Mais si la bataille des routes a été perdue par l'église grégorienne, chaque église ou chaque cathédrale bâtie sur le chemin de Saint-Jacques sera le théâtre d'un âpre combat pour la direction des travaux et notamment concernant le programme iconographique des futurs bâtiments destinés à instruire les pèlerins. D'où l'importance pour l'église grégorienne d'initier, à travers des confréries, les compagnons bâtisseurs qui œuvreront sur le chemin de Saint-Jacques.

 

C'est aux Templiers que reviendra cette tâche. Les chanoines réguliers étaient des clercs qui vivaient en communauté ; il était donc difficile pour eux d'accepter dans leurs rangs de simples laïcs. De plus les chanoines réguliers étaient surtout des intellectuels plus portés vers la spéculation que sur les travaux manuels.

 

Les véritables opératifs chez les grégoriens étaient bien entendu les moines cisterciens. Les moines blancs bâtissaient eux-mêmes leurs monastères. Ils étaient passés maîtres pour élever une voûte en croisée d'ogive.  Seulement si les moines cisterciens intégraient des laïcs dans leurs monastères, avec les convers qui portaient l'habit de bure brun, la Règle cistercienne obligeait à la stabilité au sein du monastère ce qui n'était certes pas pratique pour des compagnons qui étaient destinés à se déplacer de chantier en chantier.

 

Les Templiers avaient sur ce point un gros avantage: installés en Orient aussi bien qu'en Espagne, toute leur organisation territoriale était prévue pour acheminer hommes et matériels des commanderies de base vers les différents fronts, qu'ils soient en Terre Sainte ou en Espagne.   De plus, comme les cisterciens, les Templiers acceptaient les simples laïcs – c'est-à-dire ceux qui ne portaient pas de titre de noblesse et que l'on acceptait sous un manteau noir ou brun.

{morfeo 4}

Les compagnons pourront donc se déplacer à leur gré et être hébergés gracieusement sous le manteau du Temple ; et rien n'empêchait que sous la protection de la commanderie un clerc régulier ou un moine cistercien vienne prodiguer ses leçons.

 

dessin de Viollet-Leduc

 

La marque de l'affiliation entre la confrérie des Enfants de Maître Jacques et l'ordre des Templiers est encore visible de nos jours sur la voûte de l'église templière de Montsaunès en Haute-Garonne. La bannière de la confrérie des Enfants de Maître Jacques, reconnaissable à son étoile à six branches encadrée de deux fils à plombs, est accolée à la croix pattée des Templiers.

 

Voûte de l'église templière de Montsaunès; Haute-Garonne, France photo JP SCHMIT

 

Finalement dans l'affaire du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l'église grégorienne va sauver l'essentiel, et la voie de l'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech peut encore nous être dévoilée.

 

 

La réforme du chapitre de Compostelle

 

Tous ceux qui ont étudié de près la cathédrale de Compostelle ou le Grand Livre de Saint Jacques ont remarqué les références appuyées que le siège de Compostelle à cherché à établir avec Rome et Jérusalem – comme les colonnes torses qui ornaient la porte nord de la cathédrale et qui faisaient référence aux fameuses colonnes salomoniques que l'empereur Constantin avait fait réaliser pour le maître-autel de la basilique Saint-Pierre de Rome au temps du pape Sylvestre I (314-338). Citons encore le fait que dans le Livre des Miracles, saint Jacques guérit des pèlerins en Italie revenant de Jérusalem.

 

Ces exemples parmi d'autres ont poussé certains historiens à avancer l'hypothèse que les archevêques de Compostelle cherchaient par là à faire concurrence aux deux autres grands centres de pèlerinage , Rome et Jérusalem, en s'attribuant un peu de leur mérite. Il paraît plus juste de penser que l'église grégorienne a envisagé ces trois lieux de pèlerinage, non comme concurrents, mais comme les éléments constitutifs d'un même programme lié à l'édification de ses élus.

 

On peut voir qu'au début du douzième siècle, l'église grégorienne s'attache à établir des relations étroites entre Jérusalem et Compostelle. En 1129, le patriarche de Jérusalem Étienne de Chartres (1128-1130) adresse une lettre à l'archevêque de Compostelle Diego Gelmírez (1100 - 1139), lui proposant la création d'une confraternité entre les deux églises et le priant d'accueillir un certain Aymeric, chanoine du Saint-Sépulcre. Cette lettre fait suite à la visite à Jérusalem en 1118 des chanoines Pedro Diaz et Pedro Anayaz respectivement cardinal et trésorier de l'église de Saint-Jacques. Il n'est pas interdit de penser que les états latins de Terre Sainte ont participé financièrement à la construction de la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle.

 

Les bonnes relations entre l'archevêque de Compostelle, Diego Gelmírez et le patriarcat de Jérusalem se poursuivront avec Guillaume de Messines, patriarche de Jérusalem de 1130 à 1135, qui a été identifié comme l'auteur de certains miracles attribués à saint Jacques. C'est à cette même époque, sous le pontificat d'Innocent II (1130-1143), lui-même issu de la communauté des chanoines réguliers de Saint-Jean-de-Latran à Rome, que le chapitre de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle se réforme pour entrer dans la régularité selon la règle de Saint Augustin.

 

Aymeric Picaud, chanoine du Saint-Sépulcre, qui fut envoyé à Compostelle en 1131 par le patriarche de Jérusalem Guillaume de Messines, au moment où le chapitre cathédral se réforme, sera aussi le co-auteur du Livre de Saint-Jacques avec l'ancien bibliothécaire de Cluny. Les chanoines réguliers et les clunisiens cherchaient à marquer leur influence sur le Grand Livre de Saint-Jacques. Il est probable que chacun y trouvera son compte puisque dans la lettre d'introduction de ce livre qu'on a voulu attribuer au pape Calixte II, il est adressé trois exemplaires de ce livre : un à Guillaume, patriarche de Jérusalem, un autre à Diego, archevêque de Compostelle, et le troisième exemplaire à l'inévitable abbaye de Cluny.

 

Compostelle, 'le champ de l'étoile'

 

La traduction la plus connue de Compostelle est 'campus stella', le champ de l'étoile qui reste associé à la voie lactée.

 

En sortant de Jérusalem, le pèlerin , comme les rois mages suivra l'étoile du salut. Il se rendra dans le port de Jaffa où le corps de saint Jacques fut déposé sur une barque pour être livré à la grâce de Dieu. Plus prosaïquement, notre pèlerin devait chercher une nef qui le transporte dans un port de la côte Adriatique, au sud de la péninsule italienne, dans le port de Brindisi , première étape du pèlerinage en Occident.

 

L'idéal pour ce pèlerin était de trouver un navire affrété par les Templiers. Si celui-ci était un compagnon du Temple, signant d'une étoile à six branches, la traversée dans les deux sens était gratuite. Quand sur le pont du navire, encombré de la multitude, il voyait s'éloigner les rives de terre Sainte, il songeait à ces terres d'outre-mer qu'on appelle l'Occident.

 

Divine Comédie; miniature siennoise du XV° siècle

 

Conscient dorénavant qu'il s'engageait dans la voie de la dissemblance, il espérait bien – tel Ulysse – que les horribles beautés qui l'attendaient sur son périple, le guideraient sur le chemin de cette « étoile du matin  qui se lève saintement sur l'esprit, lumière qui resplendit sans voile et de façon intelligible ». (Denys l'Aréopagite, Hiérarchie Céleste)

 

Le pèlerinage de l'initiation sacerdotale selon l'ordre de Melchisédech part de Jérusalem pour aller à Saint-Jacques-de-Compostelle en passant par Rome. Beaucoup plus long que ce que nous connaissons traditionnellement des chemins de Saint-Jacques, il relie saint Jean l'Évangéliste, patron de l'Orient, à son frère saint Jacques, situé au bout de l'Occident, et entre ces deux pôles, le siège de saint Pierre à Rome. Les trois vertus théologales sont donc rassemblées sur ce pèlerinage : Foi, Espérance et Charité.

 

Suivant la course du soleil, l'astre se lève sur la Charité :

« Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. »(1 Co, 13, 2)

 

Au milieu de sa course, là où le soleil est au plus haut, à midi, il marque la foi qui éclaire. Sur la foi on pourrait citer tout le beau chapitre 11 des Épîtres aux Hébreux. Comme nous sommes symboliquement au-dessus du siège de Saint-Pierre, retenons cette phrase :

«  C'est qu'[Abraham] attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le constructeur. » (Heb, 11, 10).

 

Quant au coucher du soleil, c'est le domaine de la nuit et de notre espérance.

« En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide, et pénétrant par-delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l'éternité grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech. » (Heb, 6, 19-20)

 

 

par Jean-Pierre SCHMIT

 

 

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