Liste des  grands commandeurs de l'ordre des Templiers

 

Cette fonction était attribuée à titre provisoire. le grand commandeur de l'ordre était élu par le chapitre après l'annonce de la mort du grand maître par le maréchal et cela jusqu'à l'élection d'un nouveau grand maître. Dans cet intervalle de temps, qui pouvait durer deux à trois mois, le grand commandeur de l'ordre était chargé d'organiser l'élection d'un nouveau grand maître et comme le précise l'article 204 de la Règle du Temple,

"le grand commandeur doit porter le sceau du maître et faire tous les commandements de la maison à la place du maître jusqu'à l'heure où Dieu aura pourvu la maison d'un maître et d'un gouverneur et il doit être obéi comme si le maître vivait."

 

Nom: Guillaume de Roquefort

date: 1244. Frère Guillermus de Rokaforti vicimagester domus militiae Templi, co-signataire le 25 novembre 1244 d'une lettre de Robert, patriarche de Jérusalem et du légat du pape ainsi que d'autres prélats anglais. Pendant cette période, Guillaume de Roquefort semble faire office de maître par intérim après la défaite de la Forbie le 17 octobre 1244, qui a vu la disparition du grand maître Armand de Périgord.

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ensuite: Précepteur de la Selve

 

 

Nom: Etienne d'Otricourt

date: 1250 . C'est suite à la terrible défaite à la Mansourah, avec la fin tragique du grand maître guillaume de Sonnac, que fut élu par le chapitre Etienne d'Otricourt comme grand commandeur de l'ordre pour préparer l'élection d'un nouveau grand maître.

Cette épisode se passe pendant la septième croisade, menée par le roi de France Saint Louis. Saint Louis avait embarqué à Aigues-Mortes le 25 août 1248.

 

 

Le roi était accompagné du maréchal de l'ordre des Templiers Renaud de Vichiers qui auparavant était le maître de la province templière de France. La flotte française accosta sur l'île de Chypre le 17 décembre 1248.

 

 

Hélas pour les Templiers, le roi de France ainsi que son frère le comte d'Artois, imbus de leurs personnes et jaloux de leurs prérogatives, entendaient mener cette croisade selon leur bon vouloir - et cela même s'ils n'avaient aucune expérience dans les affaires de Terre Sainte. quand le grand maître Guillaume de Sonnac proposa au roi de France de rencontrer des émirs musulmans pour négocier ou former des alliances, celui-ci refusa avec mépris tout pourparler. Il alla jusqu'à blâmer le maître du Temple, lui interdisant de recevoir des émissaires turcs sans son autorisation expresse. Le 19 mai 1249, une grande réunion des dignitaires du Temple se tint sous la tente du commandeur de Jérusalem à Limassol. Le grand maître et les dignitaires de l'ordre étaient plutôt dépités par l'attitude rigide voire agressive du roi de France à leur égard. Seul le maréchal de l'ordre Renaud de Vichiers se faisait l'avocat du monarque capétien qu'il semblait apprécier. Le premier objectif de la septième croisade fut la prise de Damiette. Les capétiens pensaient pouvoir facilement soumettre les égyptiens et ainsi tirer une gloire éternelle qui serait saluée par tous à leur retour en Occident. Les premiers événements semblaient leur donner raison, car les égyptiens, minés par des conflits internes, n'opposèrent qu'une médiocre résistance dans la défense de Damiette. Fort de ce succès facile, le frère du roi de France réussit à convaincre saint Louis que le prochain objectif devait être Le Caire, la capitale de l'Egypte - et ceci contre l'avis des Templiers et d'une bonne partie des barons qui pensaient qu'ils fallait d'abord s'emparer du port d'Alexandrie pour affaiblir les égyptiens et négocier la rétrocession de Jérusalem.

 

 

Les Templiers savaient pertinemment que l'objectif en Terre Sainte n'était pas d'exterminer ses ennemis mais d'établir des rapports de force crédibles qui permettent une coexistence bien comprise. Projet politique qui ne dut pas paraître assez sexy aux yeux des capétiens, qui rêvaient d'exploits grandiloquents pour nourrir leurs ego surdimensionnés. C'est donc la pire des solutions qui fut choisie, ce qui finalement entraîna la défaite de l'armée française ainsi que la mort de 285 chevaliers du Temple à la Mansourah, suivi trois jours plus tard de la mort du grand maître Guillaume de Sonnac. Enorme gâchis, dû à l'incompétence de droit divin. C'est après ce désastre qu'Etienne d'Otricourt fut élu grand commandeur de l'ordre afin d'organiser l'élection d'un nouveau grand maître. C'est  aussi après avoir vu mourir ses frères que se place un incident concernant Etienne d'Otricourt qui restera dans les annales de l'histoire de France. C'est le sénéchal Jean de Joinville, acteur des événements, qui nous le raconte dans sa Vie de Saint Louis.

"On commença le paiement de la rançon le samedi matin. On mit à le faire le samedi et le dimanche, toute la journée jusqu'à la nuit, parce qu'on payait à la balance, chacune valant dix mille livres. Le dimanche au soir, les gens du roi qui faisaient le paiement lui firent savoir qu'il leur manquait trente mille livres. Il n'y avait alors avec le roi que le roi de Sicile, le maréchal de France, le Maître de la Trinité et moi. Tous les autres étaient à faire le paiement. Je dis au roi qu'il serait bon qu'il envoyât chercher le Commandeur et le maréchal du Temple, car le Maître était mort, pour leur demander de lui prêter trente mille livres, afin de délivrer son frère. Le roi les envoya chercher et me dit de leur parler. Quand j'eus fini, frère Etienne d'Otricourt, le Commandeur du Temple, me répondit:

- "Sire de Joinville, ce conseil que vous donnez n'est ni bon, ni raisonnable, car vous savez que nous recevons les fonds en commandite de telle manière que, d'après nos serments, nous ne les pouvons remettre à personne, si ce n'est à ceux qui nous les ont baillés."

Il y eut assez de dures et injurieuses paroles entre moi et lui. Alors, frère Renaud de Vichiers, qui était Maréchal du Temple dit:

- " Sire, laissez aller cette dispute entre le seigneur de Joinville et notre Commandeur. Comme il vous l'a dit, nous ne pouvions rien bailler sans être parjures. Lorsque le Sénéchal vous conseille de prendre, si nous ne voulons pas prêter, il ne dit pas là bien grande nouvelle. Vous en ferez à votre volonté. Mais si vous prenez du nôtre, nous avons bien assez du vôtre en Acre pour nous en dédommager."

Je dis au roi que j'irais, s'il le voulait. Il me le commanda. J'allai à la maitresse-galère du Temple où était le trésor. Je demandais au Commandeur du Temple de venir voir ce que j'allais prendre, mais il ne daigna pas le faire. Le Maréchal dit qu'il viendrait voir quelle violence je lui ferais. Lorsque je fus descendu auprès du trésor, je demandai au Trésorier du Temple qu'il me baillât les clés d'une huche qui était devant moi. Mais lui me voyant maigre et décharné par la maladie et dans l'habit que j'avais porté en prison, refusa de m'en bailler aucune. J'aperçus une cognée qui gisait là, je la levai en disant que j'en ferai la clé du roi. Lorsque le Maréchal vit ceci, il me prit par le poing et me dit:

- "Sire, nous voyons bien que c'est violence que vous nous faites. Nous vous ferons bailler les clés."

Alors, il commanda au Trésorier de me les donner. Quand le Maréchal lui eut dit qui j'étais, il en fut bien ébahi. Je trouvai que ce coffre était à Nicolas de Choisy, un sergent du roi. Je jetai dehors l'argent que j'y trouvai, puis allai m'asseoir à la proue du bateau qui m'avait amené." (Les Templiers, ces inconnus, pp.294-295)

 

Au final, ce sera Renaud de Vichiers qui sera élu grand maître de l'ordre des Templiers, mais jugé trop proche du roi de France il sera démis de ses fonctions par le chapitre général en 1252.

 

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Nom: Guillaume de Pontons

date: 1273. Chronique Eraclès. Frère Guillaume de Poncon qui avoit tenu lieu de maistre et Bertrand de Fos débarquent dans le sud de l'Italie pour avertir le maître des Pouilles Guillaume de Beaujeu qu'il vient d'être élu grand maître par le chapitre du Temple le 13 mai 1273. Guillaume de Ponton selon toutes probabilités a été élu grand commandeur de l'ordre après la mort du grand maître Thomas Bérard le 23 mars 1273. La présence de Bertrand de Fos, maître de la province de Chypre, n'est pas anodine au moment où le grand commandeur de l'ordre remit la bourse contenant la boule des grands maîtres de l'ordre des Templiers à Guillaume de Beaujeu.

On se souvient qu'après l'élection du grand maître Thomas Bérard, les compagnons du maître qui souscrivirent lors d'un des premiers actes émis par Thomas Bérard en 1252 sont: Roncelin de Fos, maître de la province d'Angleterre, accompagné de Geoffroy de Fos, maître de la province de Tripoli. La maison provençale des seigneurs de Fos forme un clan puissant au sein du chapitre général des Templiers. N'oublions pas que Roncelin de Fos est considéré comme l'auteur présumé des statuts secrets de l'ordre des Templiers. La présence de Bertrand de Fos lors de la remise du sceau du grand maître à Guillaume de Beaujeu a deux significations. La première est que le clan provençal ne s'est pas opposé à son élection malgré la réputation de Guillaume de Beaujeu d'être proche de la monarchie capétienne. La deuxième est de signifier au nouveau grand maître que l'influence des provençaux sur les décisions du chapitre général reste incontournable.

D'ailleurs à ce propos, le grand maître Guillaume de Beaujeu ne cherchera pas à réduire cette influence. Bertrand de Fos, maître de la province de Chypre le restera jusqu'en 1290. Guillaume de Beaujeu ne cherchera pas non plus à les promouvoir, comme le fera Jacques de Molay qui nommera le chevalier provençal Raimbaud de Caron, reçu dans l'ordre en 1265 par Roncelin de Fos, comme commandeur de la terre du royaume de Jérusalem. Avec Guillaume de Beaujeu, c'est plutôt le statu quo vis-à-vis de ces Templiers un peu particuliers.

 

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Nom: Thibaud Gaudin

date: 1291

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ensuite: Grand Maître

 

Nom: Jacques de Molay

dates: 1292.  Selon le Templier limousin Hugues de Faur interrogé lors du procès des Templiers le 12 mai 1311 à Paris, guillaume de Molay aurait été fait grand commandeur de l'ordre avant d'être élu grand maître. Voici sa déposition que donne Alain Demurger dans son ouvrage Jacques de Molay page 101:

"Comme il y avait discorde dans le chapitre qui se tint outremer pour la création du maître et que les frères de la province de Limousin et d'Auvergne qui constituaient la majeure partie du couvent voulaient avoir comme maître frère Hugues de Pairaud et la minorité le dit maître [c'est-à-dire Jacques de Molay], le dit maître jura devant le maître des hospitaliers qui alors était et devant le seigneur Otton de Grandson, chevalier, et de plusieurs autres que lui-même consentait au choix du dit frère Hugues et qu'il ne voulait pas être maître. Et comme cette majorité avait consenti qu'il fut fait grand commandeur, ce qu'il était usage de faire après la mort du maître, le dit maître [Jacques de Molay], comme il y eut des tractations après pour faire le dit frère Hugues maître, leur fit savoir que, du moment qu'il l'avait fait "cape", c'est-à-dire grand commandeur, ils le feraient "capuchon" c'est-à-dire grand maître, parce que, qu'ils le veuillent ou non il serait maître, et ainsi, par pression, il en fut fait."

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ensuite: Grand Maître

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