la lettre des Templiers à tous les fidèles du Christ
Cette lettre est adressée par le frère templier Jean de Terric, commandeur de la terre du royaume de Jérusalem, à tous les dignitaires du Temple en Occident. Elle a été écrite peu après le désastre de Hattin, le 4 juillet 1187. Jean de Terric a fait partie des Templiers qui ont réussi à s'échapper pendant la bataille. Il semble s'être réfugié dans la cité de Tyr qui subira le siège de l'armée de Saladin. Le grand commandeur de la terre du royaume de Jérusalem est le trésorier de l'ordre, il a aussi la charge de répartir les frères dans chaque maison de l'ordre. Jean de Terric va envoyer une série de lettres sur le même modèle, en Occident, pour réclamer des secours et informer de l'évolution de la situation en Terre Sainte. Dans la première lettre de cette série, le grand commandeur nous informe que le port de Saint-Jean-d'Acre vient de tomber (10 juillet 1187), que Jérusalem est encore au mains des Francs et le dignitaire templier croit encore que le roi de Jérusalem a pu en réchapper. Dans l'exemplaire de la bibliothèque nationale de France reproduite ci-dessus (ms 6238), Jean de Terric nous informe que le roi et grand maître sont prisonniers, que l'armée de Saladin a pris Ascalon ( 5 septembre 1187) et Jérusalem ( 2 octobre 1187 ). Dans une autre lettre adressée au roi d'Angleterre envoyée entre janvier 1188 et novembre 1188, Jean de Terric nous informe que la cité de Tyr est libérée grâce à l'intervention du marquis Conrad de Montferrat et que le château de Safed résiste encore. Voir: http://www.templum-aeternum.net/articles/histoire/lettre-des-templiers-aux-fideles.html
"Frère Terric, grand précepteur de la pauvre Maison du Temple, presque anéantie, à tous les Précepteurs, à tous nos Frères et Sujets, Salut en celui qui seul mérite nos soupirs, à qui le soleil et la lune obéissent: la main du Seigneur s’est appesantie sur nous, nos très-chers Frères, et les maux dont le Ciel justement irrité nous afflige, sont à un point, que nous n’avons ni termes assez forts pour les exprimer, ni larmes assez cuisantes pour les déplorer. Un corps formidable de Turcomans, campé devant Tibériade, en avait déjà pris la ville, et allait s’emparer du château, lorsque nous étant mis en marche pour arrêter les progrès de Saladin, il sortit de son camp, nous prévint, et nous engagea dans des détroits où l'Armée Chrétienne a été entiérement défaite. Nous avons perdu, à cette malheureuse affaire, deux cent trente de nos Chevaliers, qui ont eu la tête tranchée, sans compter ceux qui ont péri dans une autre action, au nombre de soixante (bataille de la Fontaine-Cresson, 1er mai 1187). A peine le Roi, quelques Barons et moi, avons-nous pu échapper à la fureur du Soldat turc. Toujours plus altéré de sang chrétien, il vient de prendre Acre, il bat actuellement Tyr, en sorte qu’il ne nous reste plus que Jérusalem, Baruth, avec deux ou trois autres places sans garnison. Ils sont en si grand nombre, que depuis Tyr jusqu’à Jérusalem et Gaza, ils ont comme inondé et couvert la surface du pays. C’en est fait, tout est perdu, si le ciel ne nous aide, et si vous tardez à nous secourir, il est impossible de nous maintenir ici plus longtemps." Claude le jeune Mansuet; Histoire critique et apologétique de l'ordre des chevaliers du temple de Jérusalem; chez Guillot, à Paris, 1789. tome 1 ,page 155.